vendredi 22 juillet 2011

22 juillet : sainte Marie-Madeleine




Aujourd'hui 22 juillet nous fêtons sainte Marie-Madeleine, ainsi nommée en l'évangile selon saint Luc parmi les femmes qui suivent Jésus depuis la Galilée, se retrouve dans les récits de la Passion et de la Résurrection. Son identité avec Marie de Béthanie et la pécheresse est depuis toujours discutée. Pour simplifier la tradition catholique identifie une seule personne, là où les traditions orthodoxes et protestantes y voient 3 personnes différentes. Si la chose était de nature à pouvoir être parfaitement éclaircie, elle devrait l'être à présent, puisque tant d'habiles personnages l'ont traitée.

Toutefois voici ce qu'en dit l'abbé L. Jaud, reprenant la tradition catholique occidentale (Vie des Saints pour tous les jours de l'année, Tours, Mame, 1950).

"Marie Madeleine, sœur de Marthe et de Lazare, était d'une famille distinguée de Béthanie. Après la mort de ses parents, Marie avait reçu en héritage le château de Magdala, en Galilée, d'où lui vint le surnom de Madeleine, et elle y vivait dans le luxe et les plaisirs au point qu'elle devint le scandale de toute la Galilée, et qu'on ne la connut bientôt que sous le nom de la Pécheresse. En punition de ses débordements, elle fut possédée du démon jusqu'au jour où le Sauveur, lui remettant ses péchés, la délivra de la domination de Satan.
Dieu avait fait naître en ce cœur coupable le désir de voir Jésus; ce désir devait être son salut, car le Sauveur voulait donner en Madeleine un exemple frappant de Sa miséricorde infinie en même temps que de la plus parfaite pénitence. C'est elle qui, ayant un jour suivi le Seigneur chez Simon le Pharisien, versa sur les pieds de Jésus un vase de parfum précieux, les arrosa de ses larmes et les essuya avec ses cheveux, et qui entendit ensuite cette parole: "Beaucoup de péchés lui sont pardonnés, parce qu'elle a beaucoup aimé."
Nous la rencontrons, depuis lors, très souvent dans l'Évangile; elle contemple Jésus et L'écoute, dans la maison de Béthanie, pendant que sa sœur Marthe s'occupe seule du service de la maison: "Marie, dit le Sauveur, a choisi la meilleure part." Une autre fois, dans les derniers jours de sa vie, Jésus voit Madeleine répandre un parfum délicieux sur cette tête divine qui bientôt sera couronnée d'épines. Elle accompagne le Sauveur au sommet du Calvaire, assiste à Sa mort et à Sa sépulture, et bientôt reçoit l'une des premières visites du Christ ressuscité: "Marie!" S'écrie le Sauveur. Et Marie, reconnaissant Jésus, Lui répond dans une effusion d'amour: "O mon Maître!".
Peu après, les Juifs endurcis, fatigués de ses exhortations et de celles de Marthe et de Lazare, les exposèrent sur la mer par une tempête, dans une pauvre barque sans rames ni voiles. La nacelle voguait à la garde de Dieu, et vint aborder, après quelques jours, au rivage de Marseille. Les pieux disciples du Christ firent là de nombreuses conquêtes.
Quant à Madeleine, elle s'enfonça dans les montagnes sauvages et solitaires et fut transportée par les anges dans une grotte appelée depuis la Sainte-Baume, où elle mena une vie plus angélique qu'humaine, favorisée des grâces les plus merveilleuses, ne vivant que de la Sainte Communion, soupirant et versant des larmes de pénitence et d'amour."



Et, à l'appui de cette tradition, bien qu'il ne prenne pas définitivement parti, je souhaite signaler l'excellent livre de Roland Hureaux : "Jésus et Marie-Madeleine". Je le cite dans une recension qu'il a faite dans un article de la revue "Liberté politique" :

"Si l'on se cantonne aux Évangiles canoniques, une question préalable est à résoudre : les trois figures de femmes généralement identifiées à Madeleine, la pécheresse anonyme de saint Luc, Marie de Béthanie, sœur de Marthe et de Lazare, Marie de Magdala qui se trouve au pied de la croix sont-elles une seule et même personne ? Les Églises d'Orient pensent que non. L'Église latine pense généralement que oui. À vrai dire nul ne le sait. Une lecture littérale des textes inclinerait à la thèse de l'unité. C'est celle que firent saint Augustin et la plupart des auteurs du Moyen Âge occidental. Les exégètes contemporains, volontiers hypercritiques et par là presque tous partisans de trois Madeleine, en savent-ils vraiment plus qu'eux ? Dans le doute, j'ai opté pour l'unité, suivant une brillante démonstration d'André Feuillet, sachant qu'il ne s'agit là que d'une hypothèse."

...

"Que Marie-Madeleine soit absente des lettres de saint Paul et des Actes des Apôtres qui relatent ce qui se passa entre 30 et 60 environ, reste une énigme. Moins que par un retour de machisme (il semble que gravitent autour de saint Paul des disciples-femmes du même genre qu'elle), on peut l'interpréter par le fait qu'elle n'est plus en Palestine ni en Asie Mineure où, pour l'essentiel, se situent ces écrits. Cette absence peut conférer quelque vraisemblance aux récits médiévaux selon lesquels elle serait partie pour Marseille et y aurait fini ses jours. Même si le port provençal avait alors des relations commerciales suivies avec le Proche-Orient, cela ne suffit pourtant pas à garantir la véracité de ces traditions tardives."
 (note: traditions qui la font venir en Gaule, en Provence à la Sainte-Baume, voire en Bourgogne à Vézelay)

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